WhatsPop / Aurélien Dumont

Projet
WhatsPop : une fresque Fresque psychédélico-lyrique pour soprano et ensemble instrumental amplifié, avec débat.
Le point de départ de cette proposition musicale vient de la lecture par Aurélien Dumont du dernier ouvrage de Pacôme Thiellement, L’enquête infinie (PUF, 2021). Dans cet essai, l’auteur convoque, au sein d’un questionnement existentiel passionnant, différentes personnalités qui ont marqué l’histoire du xxe siècle à nos jours, dont nombre d’artistes. Les résonances créées dans ce labyrinthe temporel y sont à la fois surprenantes et troublantes : l’hétérogénéité des sujets prend une forme singulière où des figures comme Mallarmé, Jarry, Poe, Van Gogh, K. Dick côtoient Moebius, Bowie, Jack l’éventreur ou encore Nicolas Sarkozy. Dans ce panorama à la fois chaotique et jubilatoire manquaient les compositeurs de musiques écrites, expérimentales ou contemporaines, l’auteur faisant référence à une culture populaire qui s’étendrait du Théâtre élisabéthain au xvie siècle jusqu’aux séries télévisées d’aujourd’hui en passant par le jazz et le cinéma au début du xxe, par le roman de science-fiction et la musique pop dans les années 1960-1970, ou encore par la bande dessinée dans les années 1970-1990.
On pourrait aussi voir dans cette chronologie une couleur commune à la fois émancipatrice et fantastique, qui n’est nullement absente des musiques écrites dont les connexions avec la musique pop sont nombreuses : Debussy n’a-t-il pas mis en musique les mots de Poe dans La chute de la maison Usher dont la première trace enregistrée figure sur un concept album du groupe de rock progressif The Alan Parsons Project en 1976 (Tales of History and Imagination) ? Le second disque d’Ummagumma de Pink Floyd ne transpire-t-il pas l’influence d’Edgard Varèse ? Sting n’a-t-il pas interprété les chansons de John Dowland ?
En se posant ces questions, Aurélien Dumont réalise qu’il serait possible de les mettre en regard au sein d’une œuvre musicale qui prendrait une forme proche de l’enquête de Pacôme Thiellement et de faire ainsi dialoguer des références complétements réorchestrées, des pastiches de musique de série télé ou de films de science-fiction avec ce que le compositeur nomme les OEM, les Objets Esthétiquement Modifiés qui sont, à partir d’une analogie un peu grotesque aux OGM, une technique de composition entre le collage et la citation qui permet une gradation de la modification esthétique des « objets-sources »
Programme
WhatsPop débute par une évocation de l’univers musical de Dowland, point de départ d’une musique à la fois savante et populaire. Le discours musical prendra ensuite des formes des plus diverses, du pastiche de musiques populaires au jazz à partir d’une orchestration en close up, assez proche de la noise music mais sans avoir recours à l’électronique, avec une simple amplification instrumentale. La composition et l’écriture du livret est l’occasion d’expérimentations formelles particulières en tentant de transcrire musicalement l’idée d’enquête comme une succession de cold open aux qualités propres, qui vont d’un Sonnet de Shakespeare à un rapport déclassifié de la CIA, de publicités décalées et calquées sur le modèle du roman Ubik de Philippe K. Dick à un poème de James Joyce. À un moment particulier de l’œuvre jaillira un débat avec un intellectuel invité et en interaction avec les musiciens sur les liens existant entre la pop-culture et la musique contemporaine, tout en questionnant également le rôle du compositeur dans la citée en ce début de XXIe siècle.
WhatsPop poursuit ainsi les réflexions du compositeur sur le renouvèlement de la forme du concert. Cette œuvre se situe également à la croisée d’axes de recherche dont témoignent conjointement son rapport à la musique rock (Zero Syd Barrett & Two Girls Playing Saxophone - 2020), et la recherche de formes-fresques où entreraient en dialogue tous ces Objets Esthétiquement Modifiés (Fragments d’autre, composée à partir de la correspondance entre Albert Camus et Maria Casarès -2021)
Interprètes
clarinette, Ayumi Mori
trompette, Brice Pichard /André Feydy
violoncelle, Alexa Ciciretti
guitare électrique, Christelle Séry
accordéon microtonal, Fanny Vicens
percussions, Sylvain Lemêtre
soprano, Juliette Allen
direction, Guillaume Bougogne
Conception, composition, Aurélien Dumont
Essayiste, Pacôme Thiellement
Mise en espace, Léna Rondé
Fresque psychédélico-lyrique pour soprano et ensemble instrumental amplifié Paul Ramage, collectif Alcôme
Pièce électro-acoustique (commande de la Scène nationale d’Orléans et de l’Ensemble Cairn)

où Scène Nationale d'Orléans (45)