Préludes / Ramon Lazkano
Projet
Réécrire, ré-imaginer, réinventer : trois axes chers à l’Ensemble Cairn qui, depuis plusieurs années, s’interroge sur la relation des compositeurs d’aujourd’hui à leur histoire, au patrimoine dont leur pratique s’inspire, qu’elle déconstruit, ou à laquelle elle s’oppose...
Pour ce projet, l’ensemble Cairn invite le compositeur Ramon Lazkano à se ressaisir des Préludes pour piano de Chopin et lui passe commande d’une série de courts préludes pour un ensemble de huit musiciens. Pour ce projet, Cairn est accompagné par le pianiste Alfonso Gómez pour le concert à Vitoria (Espagne) et par Maroussia Gentet pour le concert à Orléans. Sur la scène, divisée en deux espaces distincts, les musiciens de l’ensemble Cairn répondent au pianiste soliste, comme si la musique d’aujourd’hui répondait à celle du passé. La question du Prélude pour piano, projetés dans un univers instrumental qui leur est étranger, est alors posée par la composition de Ramon Lazkano, colonne vertébrale d’une écoute double, composite.
Miroirs antagonistes se nourrissant pourtant l’un de l’autre, la mise en regard des œuvres de Chopin et de Lazkano permettra l’avènement d’un univers altéré, hétérogène, un balancement entre réalités passées et présentes.
Programme
24 préludes op.28, Frédéric Chopin
Préludes, Ramon Lazkano
Equipe artistique
Piano solo :
ALFONSO GOMEZ (Vitoria)
MAROUSSIA GENTET (Orléans)
Guitare : Christelle Séry
Piano : Caroline Cren
Flûte : Cédric Jullion
Violon : Constance Ronzatti
Clarinette : Ayumi Mori
Alto : Cécile Brossard
Accordéon : Fanny Vicens
Violoncelle : Alexa Ciciretti
Direction musicale : Guillaume Bourgogne
NOTE DU COMPOSITEUR
Le cycle de treize à dix-sept, inspiré des Préludes pour piano de Chopin op.28 et op.45, durera une trentaine de minutes et sera composé pour les instruments suivants : flûte, clarinette, accordéon, guitare, piano, violon, alto, violoncelle et piano soliste. Cette nouvelle œuvre sera constituée d'une série de fragments enchaînés, dont les profils proviennent des préludes de Chopin projetés dans un univers instrumental étranger à la musique de référence - un ensemble qui permettrait un son altéré, hétérogène, corrodé.
Deux possibilités sont envisagées dans l’organisation du concert: la première, plus conventionnelle, serait de jouer le Prélude op.45 en ouverture, puis ma pièce Préludes et enfin, de conclure par les Préludes op.28. La seconde, option que j’imagine plus riche, serait de combiner les Préludes de Chopin avec les préludes de l’ensemble, en créant un réseau d’entrelacs où les deux œuvres se retrouvent en miroirs antagonistes. La musique donnée, regroupée en sections asymétriques, garderait toutefois l’ordre du cycle de Chopin – si subtil et raffiné dans ses implications tonales et motiviques, et qui souffrirait d’un agencement insolite.
Ainsi, la durée du concert s’articulerait avec le balancement alternatif des deux mondes : le piano intime aux musiques éphémères de Chopin, préludes à un néant – puisqu’eux-mêmes phagocytent les formes qui auraient pu les suivre –, et l’ensemble, qui créera un miroitement avec les ombres et les figures chopéniennes.
Je souhaiterais, pour la disposition scénique, tenir compte de ce bercement des mondes passés, en séparant dans l’espace le piano soliste et les musiciens de l’ensemble. La lumière, ténue, laisserait dans le noir les musiciens ne jouant pas. Le piano soliste se tiendrait d’un côté, de manière à ce que le clavier et les mains du soliste soient clairement visibles par le public. L’ensemble, de l’autre côté de la scène, devrait être ramassé et groupé autour du chef d’orchestre qui devra, lui aussi, se faire aussi discret que possible.