Projet :Totem di sabbia

Performance sonore et visuelle

Improvisations

Sylvain Lemêtre : zarb, percussions

Raphaël Thierry : peinture sur sable

Au courant de ses recherches sur le clair-obscur, le plasticien Raphaël Thierry a développé une technique de manipulation sur sable qui, à travers une vitre rétro-éclairée, lui permet d'obtenir des contrastes d'une très grande précision, une granularité d'une grande finesse.

Totem di sabbia se présente comme une performance en duo entre Raphaël Thierry et Sylvain Lemêtre. Elle est une succession (apparition-effacement) de corps, masques, silhouettes émergeant de nulle part, exécutées dans l’instant et aussitôt détruites, présentée au spectateur par le biais d’un dispositif vidéo placé au dessus de la table de travail du plasticien, projetant sur écran les moindres détails de son travail de manipulation.

En écho au geste du peintre-créateur, Sylvain Lemêtre a devant lui une table sur laquelle il entreprend de faire entrer en résonnance des instruments aux couleurs sonores variées. Cloches-plaques, gongs, bols tibétains et autres tambours à peaux tendues ou sableuses. L’instrumentarium est par ailleurs « augmenté » grâce à un dispositif d’amplification sonore maitrisé par le musicien lui-même et connecté à la matière sable du plasticien ; créant ainsi une interface, posant le cadre d’un dialogue entre deux sens visuels et auditifs.

Les deux artistes se trouvent ainsi liés. Par leurs gestes, par la pratique digitale de leurs instruments respectifs mais également par la dimension instantanée, provisoire et passagère des œuvres qu’ils font naitre et mourir au même instant.  

Le spectateur-auditeur se trouve immergé dans des univers qui se succèdent : abstraits, primitifs, modernes, rythmiques… Gammes de tableaux et gammes sonores se croisent alors, s’entremêlent, entrent en mouvement dans l’immédiateté de l’improvisation.

Un rythme se dégage, une danse mi-visuelle, mi-sonore.

Totem di sabbia interroge au delà de l’expérience sensible, la question de l’identité, de la trace, et de la durée de vue d’une œuvre. A travers l’improvisation totalement assumée des manipulations de Raphaël Thierry et des rythmes de Sylvain Lemêtre, se pose en écho la question de la place de l’auditeur-spectateur, qui n’est ici pas fixée à demeure mais reste au contraire ouverte et invitante. Réinterrogeant la hiérarchie des matières sonores et visuelles, Totem di Sabbia ouvre la possibilité d’un dialogue et interroge le spectateur-auditeur sur ce qui crée l’attention, produisant une disposition particulière à l’écoute et à la voyance.