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Une saison en enfer / Gilbert Amy

Projet

L'ensemble Cairn invite Gilbert Amy qui propose, à partir du texte d'Arthur Rimbaud, Une saison en enfer, un voyage, sombre et beau, hypnotique, un monodrame instrumentale et électro-acoustique, un jeu pour l'oreille (Hörepsiele) où s'invitent une voix d'enfant et une voix de soprano lyrique. Un voyage immersif de 45 minutes, presqu'un opéra, où les personnages principaux, disposés au centre de la scène, sont avant tout un piano et un amoncellement de percussions. La scénographie et les lumières sont signées par Thomas Leblanc, membre de l'Ensemble Cairn.

En ouverture, et comme une invitation à remonter aux sources de la musique vocale française du début du XXème siècle, et aux sources de la poésie de Rimbaud et Verlaine, Cairn conçoit un moment intime où la voix de soprano se trouve à nu face à la langue française telle que Debussy et Ravel savaient la mettre en musique (on y ajoute aussi quelques feuillets d'un Benjamin Britten épris des Illuminations de Rimbaud).

De courts interludes électro-acoustiques réalisés par Jérôme Combier, et construits à partir de toutes ces musiques et des textes de Verlaine et Rimbaud, servent de passerelles entre les chants, mais aussi entre l'univers vocal des mélodies françaises et cette Saison en enfer telle que l'entend Gilbert Amy. 

 

En 1980, Gilbert Amy compose une partition pour récitant (enregistré sur une bande-son), piano, percussion et électronique à partir du texte Une saison en enfer d'Arthur Rimbaud. À la toute fin de la pièce surgissent deux voix : une voix de femme, soprano et une voix d'enfant, incarnant les doubles féminin et enfantin du poète.

Une saison en enfer est créée en mai 1980, à la Maison de la Radio par Hélène Garetti, soprano, une soliste de la Maîtrise de Radio-France, Carlos Roque-Alsina, piano, zarb, Jean-Pierre Drouet, percussions avec l'appui du GRM pour la partie électronique.

 

Le texte de Rimbaud est fondateur d'une poétique puissante qui nomme à la fois l'idéalité du verbe et sa faillite concomitante. Il est un cheminement moral, tout personnel et une lutte passionnée pour la liberté de penser qui est aussi la liberté d'être. Paul Verlaine dira plus tard qu'Une saison en enfer est une « Prodigieuse autobiographie psychologique, écrite dans cette prose de diamant qui est la propriété exclusive de son auteur. » Le texte est âpre, violent, comme peut l'être l'adolescence : implacable et sans concession. Mais c'est aussi comme l'écrit Yves Bonnefoy, la dimension implacable de l'échec.

 

" Mais, cher Satan, je vous en conjure, une prunelle moins irritée! et en attendant les quelques petites lâchetés en retard, vous qui aimez dans l'écrivain l'absence des facultés descriptives ou instructives, je vous détache ces quelques hideux feuillets de mon carnet de damné. "

 

Quelques mots de Gilbert Amy 

" Il n'était pas question de reproduire le texte in extenso. Il n'était pas question non plus de suivre un quelconque ordre 'chronologique' (qui n'existe pas). C'est donc à une mise dans le temps - un temps musical - du poème que je me suis livré, également, si l'on veut, à une mise en résonance très multiple des fragments du poème. Suivant les séquences, le poème est distribué entre trois voix représentant, à mes yeux, les trois faces de l'enfant-poète-homme Rimbaud (voix d'enfant, de femme, d'homme).  Ces voix sont traitées tantôt de façon linéaire, tantôt de manière chorale et polyphonique, tantôt encore, de manière fortement distordue par les procédés électroniques. Dans la dernière partie, la voix se fait chant, en miroir du poème dit : une voix de soprano et une voix d'enfant "en direct", mêlées à des fragments de choeurs enregistrés. Le piano et les percussions forment commentaire et contrepoint du discours fixé par le matériau électroacoustique. Ils sont la chair instrumentale et rythmique. Quant à ce matériau électroacoustique, il oscille entre des sons purement artificiels et des sons d'origine humaines travaillés, afin que se crée l'ambiguïté nécessaire selon moi, entre domaine électronique et domaine instrumental. "  

Programme

Création le 14 décembre 2017 au Théâtre d'Orléans, Scène nationale

 

Claude Debussy, Maurice Ravel, Benjamin Britten 

Interludes électroniques (Jérôme Combier)

 

Interludes électroniques 1 

Maurice Ravel :: Un grand sommeil noir

Claude Debussy :: Clair de lune – Il pleut dans mon cœur

Interludes électroniques 2 

Benjamin Britten :: Villes – Départ

Interludes électroniques 3 

 

Gilbert Amy

Une saison en enfer

pour piano, percussions, soprano, voix d’enfant

 

Musiciens de l'Ensemble Cairn 

 

piano, percussions :: Caroline Cren                                                   

percussions :: Sylvain Lemêtre

voix soprano :: Léa Trommenschlager                   

maîtrisien :: Igor Semesies

chef de choeur :: Marie-Noëlle Maerten

ingénieur du son :: Sébastien Naves

régisseur général :: Thomas Leblanc                                        

 



Théâtre d'Orléans