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Une saison en enfer

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En 1980, Gilbert Amy, compositeur français né en 1936 et collaborateur de Pierre Boulez au sein du Domaine musical dans les années 60, compose une partition pour récitant (enregistré sur une bande-son), piano, percussion et électronique à partir du texte Une saison en enfer d'Arthur Rimbaud. À la toute fin de la pièce surgissent deux voix : une voix de femme, soprano et une voix d'enfant, incarnant les doubles féminin et enfantin du poète.

 

Une saison en enfer est créée en mai 1980, à la Maison de la Radio par Hélène Garetti, soprano, une soliste de la Maîtrise de Radio-France, Carlos Roque-Alsina, piano, zarb, Jean-Pierre Drouet, percussions avec l'appui du GRM pour la partie électronique, puis sera reprise à la Cité de la musique le 16 octobre 2005.

 

Le texte de Rimbaud est fondateur d'une poétique puissante qui nomme à la fois l'idéalité du verbe et sa faillite concomitante. Il est un cheminement moral, tout personnel et une lutte passionnée pour la liberté de penser qui est aussi la liberté d'être. Paul Verlaine dira plus tard qu'Une saison en enfer est une « Prodigieuse autobiographie psychologique, écrite dans cette prose de diamant qui est la propriété exclusive de son auteur. »

Le texte est âpre, violent, comme peut l'être l'adolescence : implacable et sans concession. Mais c'est aussi comme l'écrit Yves Bonnefoy, la dimension implacable de l'échec.

 

" Mais, cher Satan, je vous en conjure, une prunelle moins irritée! et en attendant les quelques petites lâchetés en retard, vous qui aimez dans l'écrivain l'absence des facultés descriptives ou instructives, je vous détache ces quelques hideux feuillets de mon carnet de damné. "

 

Une saison en enfer sera le dernier texte d'Arthur Rimbaud, avant l'exil défintif, loin de la poésie.

 

Quelques mots de Gilbert Amy 

 

" Il n'était pas question de reproduire le texte in extenso. Il n'était pas question non plus de suivre un quelconque ordre 'chronologique' (qui n'existe pas). C'est donc à une mise dans le temps - un temps musical - du poème que je me suis livré, également, si l'on veut, à une mise en résonance très multiple des fragments du poème les moins rebelles. Suivant les séquences, le poème est distribué entre trois voix représentant, à mes yeux, les trois faces de l'enfant-poète-homme Rimbaud (voix d'enfant, de femme, d'homme). A ces trois voix principales confiées à des comédiens, s'ajoute épisodiquement celle de l'écrivain Jean Thibaudeau qui m'a aidé dans le découpage et la mise en place des textes. Ces voix sont traitées tantôt de façon linéaire, tantôt de manière chorale et polyphonique, tantôt encore, de manière fortement distordue par les procédés électroniques. Dans la dernière partie, la voix se fait chant, en miroir du poème dit : une voix de soprano et une voix d'enfant 'en direct', mêlées à des fragments de choeurs enregistrés. Le piano et les percussions forment commentaire et contrepoint du discours fixé par le matériau électroacoustique. Ils sont la chair instrumentale et rythmique. Quant à ce matériau électroacoustique, il oscille entre 'son purement artificiel' (par exemple synthétiseur) et son d'origine humaine travaillé, afin que se crée l'ambiguïté nécessaire selon moi, entre domaine électronique et domaine instrumental. "   

                                                     

Gilbert Amy

Programme

Musiciens de l'Ensemble Cairn 

 

piano :: Caroline Cren                                                   

percussions :: Sylvain Lemêtre

voix soprano :: Anne-Emmanuelle Davy                         

voix enfant ::  (maîtise de Radio-France)

création lumières :: Thomas Leblanc                                          

 



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