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PAGES ELECTRIQUES

Sortie de résidence Campo Santo, impure histoire de fantôme

Musique de création pour une guitare électrique

 

La guitare électrique offre un vaste champ de recherches, notamment pour ce qui est des effets de masse, de textures ou de temps différés. Pourtant, sa tradition musicale, très associée au rock et au jazz, est plutôt constituée de transmission orale et d’expérimentation empirique.

Avec la série de concerts Pages électriques, Christelle Séry a entrepris de faire connaître et de développer un répertoire contemporain propre à cet instrument. Yurei est extraite de Campo Santo, impure histoire de fantômes, projet multimédia de Jérôme Combier élaboré lors d’une résidence au château de Chambord et qui sera créé à la Scène Nationale d’Orléans les 14 et 15 décembre 2016.

 

Pionnier du minimalisme, Steve Reich a composé Electric counterpoint en 1987, pour le guitariste Pat Metheny. Dans Quattro nudi, composée pour Christelle Séry en 2014, le compositeur Marco Momi explore la solitude de l’instrumentiste.

Dans Ricercar a 11, Frédéric Pattar s’inspire du phénomène physique dit « effet Joule ». Avec Trash TV Trance (2002), Fausto Romitelli intègre aux recherches contemporaines les aspects les plus bruitistes du rock.

 

Premier prix de guitare du Conservatoire national supérieur de musique, Christelle Séry s’est progressivement orientée vers le répertoire contemporain, le spectacle vivant, les musiques improvisées et amplifiées. Membre de l’Ensemble Cairn depuis sa création par Jérôme Combier en 1997, elle joue également avec l’Ensemble Intercontemporain.

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Project :Campo Santo / Jérôme Combier

Pyramiden

 

Pyramiden est une cité ouvrière construite à l’ère soviétique et qui se situe à l’extrême Nord de la Norvège, à 10 degrés du pôle Nord, sur l'archipel de Svalbard. Son nom lui vient de la montagne en forme de pyramide au pied de laquelle elle fut fondée par des Suédois en 1910. En 1926, les Russes l'ont rachetée, pour à leur tour la vendre à la compagnie minière Arktikougol en 1931. La communauté fonctionnait de manière totalement autonome, et était gérée comme une vaste entreprise de près de 1500 employés jusqu'à la fin des années 1990. Il n'y avait pas d'argent à Pyramiden et la communauté élevait du bétail, cultivait des plantes en serres que le gouvernement central avait fait venir du continent. Dans les années 60, les mineurs de Pyramiden exploitaient environs 200 000 tonnes de charbon par année, 248 000 tonnes pour l'année 1978. Après la chute de l'Union soviétique, la production diminue peu à peu, et en novembre 1996 il ne reste plus que 590 habitants, 467 hommes, 120 femmes, 3 enfants. Au printemps 97, toutefois on rénove la piscine et l'hôtel, mais les chiffres de production ne sont plus que de 20 000 tonnes par an et le 31 mars 1998, l'exploitation minière s'arrète. L'Anna Akhmatova est le dernier navire d'approvisionnement a quitter Pyramiden, chargé de ce que le Trust Arktikougol jugeait important de conserver de la ville désaffectées. Les livres de la bibliothèque, les bobines de films et les disques restèrent que l'on trouve encore aujourd'hui. 

                                     

 « La ville communiste la plus parfaite du monde curieusement ne se trouve pas dans l’Union des républiques socialistes soviétiques, mais en Occident capitaliste, dans un pays de l’OTAN, la Norvège. Cette ville se situe en Arctique dans un Archipel nommé Spitzberg, ou Svalbard, comme l’appellent les norvégiens, par 79 degrés de latitude nord. Dans cette société idéale socialiste, tout est gratuit : le voyage aller puis retour à la fin du contrat, le jardin d’enfants, l’école, l’hôpital bien équipé, le couvert, en immeuble de quatre étages avec chauffage urbain. Sans oublier le vivre, caviars rouge et noir, serres de légumes frais, et étable à poules, bétail et cochons . […] La ville minière de Pyramiden est construite comme une expression tardive du plan russe et de l’avant-gardisme utopique. Et c’est bien ainsi qu’elle se présente aujourd’hui. A la différence près qu’elle est abandonnée, ses mines fermées, ses bâtiments vides. » [3]

 

 

Les enjeux électroniques

 

Se présentant comme une installation ouverte, en cinq tableaux successifs ponctués de courts interludes, Campo Santo confie à sa partie électronique un rôle central, notamment du point de vue dramaturgique. Contenant des bribes de paroles en anglais, russe ou norvégien, enregistrées au cours des voyages des deux créateurs, elle véhicule également des fragments de textes de W. G. Sebald, Jacques Derrida, Charles Fourier, Robert Owen ou encore Auguste Blanqui, pour mieux interroger les utopies liées à Pyramiden.

Elle offre également un contrepoint lyrique à l’ensemble instrumental (organisé autour des deux percussionnistes, celui-ci réunit un accordéon, une guitare et une flûte), notamment au moyen d’un chœur virtuel et fantomatique. Enfin, l’informatique permet une reconstitution sonore des lieux visités – on entendra ainsi le piano de Pyramiden, le piano le plus nordique du monde, sonner dans l’acoustique reconstituée de la salle de concert.

Campo Santo : un mausolée des lieux humains désertés et des « voix chères qui se sont tues » de Verlaine. 

 

 

[1] Gwenaëlle Aubry , Le Page blanc, P. 310, in Face à Sebald, éditions Inculte, collection Monographie, Paris, novembre 2011.

[2] Auguste Blanqui, Qui fait la soupe doit la manger, éditions d'Ores et déjà, Paris, septembre 2012, P. 17.

[3] Kjartan Flogstad, Pyramiden, portrait d’une utopie abandonnée, p. 11-12, éd. Actes Sud, Arles 2009

 

Photographies de Pierre Nouvel et Bertrand Couderc

 

Avec le soutien de la SPEDIDAM et du DICREAM

Impure Histoire de fantômes

 

                 "Qui fait la soupe doit la manger." Auguste Blanqui 

 

Bienvenue à Pyramiden ! C’est là, par 78 degré nord, au Spitzberg, à quelques centaines de kilomètres du pôle Nord, que nous emmènent le compositeur Jérôme Combier et le vidéaste Pierre Nouvel : une ville fantôme reposant au fond d’un fjord, à l’ombre d’une montagne aux allures de pyramide.

Pyramiden est l’un des derniers vestiges d’une utopie urbaine : une cité minière organisée de manière idéale, fidèle en tout point ou presque aux principes communistes. C’est « la ville communiste la plus parfaite du monde », paradoxalement située à l’ouest du rideau de fer, jusqu’à ce que la chute de l’Union soviétique et la cessation de l’activité minière la livrent, abandonnée, à l’épreuve des éléments, en déréliction. C’est ce spectre de ville que Campo Santo, titre emprunté à W. G. Sebald, nous fait visiter.

 

Entre concert et installation sonore et visuelle, c’est avant tout une œuvre hantologique (concept emprunté à Jacques Derrida et son Spectre de Marx : une œuvre construite à partir de traces du passé) nourrie de sons et d’images saisis sur place, dans la gangue d’un temps gelé.

 

Campo Santo rassemble une équipe artistique :

Jérôme Combier (compositeur),

Pierre Nouvel (scénographe, vidéaste),

Bertrand Couderc (créateur lumière),

Robin Meier (réalisateur informatique musicale Ircam), 

Bertrand Lesca (assistant mise en scène), 

Sébastien Naves (ingénieur du son Ircam), 

Thomas Leblanc (régisseur général) 

 

Musiciens de l'Ensemble Cairn : Sylvain Lemêtre (percussions), Arnaud Lassus (percussions), Fanny Vicens (accordéon), Cédric Jullion (flûte), Christelle Séry (guitare électrique)

 

Avec les voix de Jacques Gamblin, Nathalie Duong, Dima Tsypkin, Miriam Coretta-Schulte, Luca Bagnoli.

 

Présentation du projet sur le site de l'Ircam  

 

Campo Santo et 40 ans du Centre Georges Pompidou - IRCAM 

Le Centre Pompidou fête ses 40 ans en 2017 partout en France. Pour partager cette célébration avec les plus larges publics, il propose un programme inédit d’expositions, de prêts exceptionnels, de manifestations et d’événements pendant toute l’année. Expositions, spectacles, concerts, rencontres sont présentés dans quarante villes françaises, en partenariat avec un musée, un centre d’art contemporain, une scène de spectacle, un festival …   Pour cet anniversaire, l'Ircam présente cinq créations en France, combinant musique, théâtre et arts visuels. Ces projets témoignent de l'engagement du Centre Pompidou et de l'Ircam aux côtés des institutions culturelles en région, acteurs essentiels de la production et de la diffusion de la création contemporaine.

 

Ce concert est présenté dans le cadre des 40 ans de l’Ircam-Centre Pompidou.

 

Paroles de spectateurs : 

 

Ecouter le retour des spectateurs ayant assisté à la première mondiale de Campo Santo, le 14 décembre 2016 au Théâtre d'Orléans : 

 

https://www.ircam.fr/playlist/detail/paroles-de-spectateurs/

 

where Théâtre Nicolas Peskine, Blois